Muraille de Chine

Publié le par Chris de Neyr

  Avec Maud, on était restés plusieurs semaines ensemble. Elle me surnommait « mon gros » (alors que je pesais à peine 70 kg, c’est juste pour vous donner une idée de la fille).

  La plupart du temps, son appartement était vide lorsque je rentrais. Moi je lui demandais seulement d’être là avant l'aube. Les joues pas trop rouges et les cuisses pas trop humides, si possible. La plupart du temps je m'endormais en bavant sur l'oreiller.

  A chaque fois le bruit du verrou de la porte d'entrée me réveillait et c'est bien la première chose à laquelle je pensais lorsque j’ouvrais les yeux : lui remplacer ce putain de verrou !

  Maud passait doucement sa tête. « J’te réveille… ? »

  Question à la con.

  Je me frottais les yeux pour regarder l'heure mais je ne voyais rien à cause de son vieux réveil qui n'avait pas les aiguilles fluo (« Ben oui, j’peux pas dormir sinon… »). Son ombre flottait dans la chambre. Elle ôtait son imper en roulant des épaules mais je refusais de me laisser aller aussi vite. Je ne bougeais pas d’un pouce. Elle pouvait toujours mimer des baisers vers moi, l'imper bloqué sur la croupe.

  « Ne fais pas l'imbécile, m’intimait mon cerveau, ne fais rien, surtout ne fais rien ! »

  Et je tenais bon. J’étais plutôt libre en ce temps-là quand j’y repense.

  L’ombre de ses jambes cosmiques se dessinait sur le mur alors j’empoignais le paquet de cigarette, histoire d’occuper mes mains, histoire de ne pas caresser le mur et tout foutre en l'air. Je me levais, j’allais dans la cuisine, je ramassais les canettes de bière –il y en avait assez pour construire une autre muraille de Chine mais vous n'êtes pas obligés de me croire.

  A la fin j'ouvrais la fenêtre et je pissais tout droit en fixant un nid d'étoiles.

  C’est le moment qu’elle choisissait, souvent, pour venir se poser derrière moi et plaquer sa main entre mes cuisses. Et me nettoyer les oreilles avec le bout de sa langue aussi. Il me semble bien que l’Enfer se balançait au bout de ma queue. Vous ai-je dit qu’elle ne portait plus rien du tout sur elle à ce moment-là ?

  Alors voilà. Et tandis que je m’effondrais, me retournant pour l'embrasser et ne pas mourir avant d'être mort, elle me balançait –implacable :

  « Oh là là… c'que tu pues la bière, mon gros ! » avant de s’en retourner pisser –en laissant bien la porte des guogues ouverte, entre nous soit-dit.

 

  C’est douloureux à dire mais parfois j’aimerais bien retrouver cette vie –juste quelques instants, « replonger mes mains dans l’eau claire, comme mon père » dit Carver.

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S
<br /> ben oui mais comment je fais pour pas faire un commentaire qui ait l'air baveux ?<br /> bon ben tant pis, je bavouille d'enthousiasme, celui de te lire et de me laisser toujours surprendre par le quotidien.<br /> <br /> Une force.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Personne ne dira jamais assez la force de la bave... (oui, je sais, ça veut rien dire...) ÜüÜ<br /> <br /> <br />
M
<br /> Ouais ouais ouais...Je vois très bien ce que vous voulez dire.<br /> (Encore une fois qu'est-ce que c'est bien! Ce style Chris de Neyr, quel style...Evidemment que je suis jaloux, c'est du rock'n roll non ?)<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Hahahaha hahahah hahaahahahaha hihihihhahahihha ... (rire strident du guitariste des rues à qui Carlos Santana vient de dire "il est sympa cet accord, tu fais<br /> comment?")<br /> ÜüÜ<br /> <br /> <br />
P
<br /> parfois je me prends à rêver de lire sous ta plume des amours légères et riantes... et puis non. Le gris te va si bien.<br /> J'ajoute moi-même 1000 bravos...<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Oui c'est vrai, le gris me va bien... surtout au teint! ;o)<br /> <br /> quant aux amours légère et riantes, j'y travaille -sans relâche (mais c'est pô facile, t'sais...)<br /> <br /> et aussi donc 1000 mercis (ce qui fait 2000 avec  ceux de Bill, moins les colombes, et pis je retiens les hirondelles que je divise par le nombre de bravos, pas oublier non plus d'ajouter<br /> les acomptes et voilà qui nous fait... heu... eh bien... c'est à dire... 17,80 euros ma p'tite dame ! -hmm, j'espère infiniment que vous avez la monnaie m'dame... uh uh<br /> uh)<br /> <br /> <br />
B
<br /> Douloureux? mais pourquoi qu'est-ce donc?<br /> 1000 Bravos, Mr Deneyr.<br /> Et c'est un acompte.<br /> <br /> <br />
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C
<br /> 1000 mercis, Mr Bill. Et c'est une avance. ÜüÜ<br /> <br /> "Que la paix soit sur le monde<br /> Pour les cent mille ans qui viennent<br /> Donnez-nous 1000 colombes<br /> A tous les soleils levants<br /> Donnez-nous 1000 colombes<br /> Et des millions d'hirondelles<br /> Faites un jour que tous les hommes<br /> Redeviennent des enfants"<br /> <br /> <br />