Mille et une vies

Publié le par Chris de Neyr

 

  Dans une autre vie, j’ai voulu devenir écrivain.

  C’était un sacré problème.

  Je commençais toujours mes histoires par « Dans le Pas de Calais… »

  Et mon histoire s’arrêtait là. Un fer à cheval dans un verre d’eau.

 

  Le Pas de Calais, je me disais, c’est comme le pet d’un chien. Rien à voir avec le Montana de Richard Ford par exemple, ou le New-Hampshire de John Irving, l’Ulster de Robert Mac Liam Wilson. Et pourtant, je me disais aussi, c’est une région située juste en face du Kent de Charles Dickens, à moins de trois cents bornes du Meudon de Louis-Ferdinand Céline.

  Je ne sais pas pourquoi je pensais à tout ça. Parfois je me faisais l’effet d’un boxeur qui hésite encore sur la couleur de son short quand il n’a même jamais posé le pied sur un ring.

  Je revissais donc le capuchon de mon stylo, et tout ce que j’en concluais c’est que j’habitais une région dont la première lettre était un P, un P comme « Putain-pourquoi-je-suis-pas-né-ailleurs ? »

 

  L’autre problème, c’était le nom du héros.

  Je m’appelle Virgil Stoffaes.

  Virgil Stoffaes, regardez bien, c’est un ballon de basket dégonflé. Rien à voir avec le Arturo Bandini de John Fante, le Zorg de Philippe Djian ou le Malte Laurids Brigge de Rainer Maria Rilke.

  Pourtant il suffirait rien que d’un petit «e » au bout de mon prénom pour que la poésie se pointe, c’est à dire bouffer du raisin noir en toge et tout le tralala… et Stoffaes on pourrait dire que, soufflé rapidement, ça ressemble un peu aux bruits que font les vrais karatekas.

  Alors ?…

 

  Quand même, cette autre vie me faisait chier.

  J’ai préféré laisser tomber, juré de ne plus chercher à devenir écrivain pendant au moins mille vies.

  Et j’ai tenu bon.

 

  Jusqu’à aujourd’hui.

 

 

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O
<br /> Moi, pareil, sauf que le Pas de Calais est beaucoup mieux que là où je vis et Virgil, ça fait rêver alors que mon nom est un cauchemar...<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Non ? 'tain j'vous laisse, j'suis à la bourre là...<br /> <br /> <br />
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P
<br /> j'oublie rien ! Le mien est écrit ;o)<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Hé, votre éphémère ride, pas pris une hein...(Jean Bloguin...)<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Jean Bloguin, vous me flattez... aussi bien, pour vous remercier et tenter de vous faire rire à mon tour, je vous livre ici le commentaire d'un<br /> internaute lu sur le site d'un quotidien sportif bien connu, commentaire ponctuant un article sur le dopage :<br /> <br /> <br /> "MDR, on connait l'info depuis une semaine,hier encore on vous demandait<br /> pourquoi ne dites vous rien.<br /> Le journalisme n'est plus ce qu'il est.<br /> <br /> vous avez oublié de notifié que pour le moment aucune action n'a été mise contre ricco tant qu'on ne sait pas ce que cela s'est. Cela éviterait bcp de dire. Mais le buzz est l'arme de<br /> l'équipe."<br /> <br /> <br /> Vous me connaissez, je ne suis pas du genre moqueur -et encore moins du genre à tirer sur une<br /> ambulance, pour autant il y a certaines circonstances dans la vie qui vous font parfois dévier de votre ligne de conduite...<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> Pareil : je m'appelle Hilde Courveylac et j'habite le Puy de dôme.<br /> (Bon : c'est quand, ce roman ?)<br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> le Puy de dôme, ça sonne pas comme le pet d'un chien... (ou alors un Matin de Naples, peut-être? Quelque chose d'assez majestueux)<br /> <br /> <br /> (Oubliez le roman, chère Hilde, il semblerait que le souffle me manque... mais bon, il y aura bien quelque chose à présenter pour la fin de l'année -vous<br /> n'avez pas oublié, j'espère...???)<br /> <br /> <br /> <br />